La guerre des générations aura-t-elle lieu ? Un arpentage

Participant au groupe Sages et Passages, Jean-Claude se consacre à l’éducation populaire depuis de très nombreuses années, en s’investissant dans la vie associative, en accompagnant des projets participatifs, en intervenant en tant que formateur. Il est notamment l’un des inventeurs d’une pratique de la lecture active en collectif qu’il a nommée l’arpentage. Il nous fait découvrir cette approche un samedi matin.

Il s’agit, pour les membres d’un petit groupe, de trouver les principaux éléments et les significations possibles d’un ouvrage (essai, documentaire, étude…), dans un temps limité. Les repérages de contenus se relient à des intentions d’action vers des publics plus larges. Le terme d’arpentage fait simultanément référence à des mesurages précis opérés dans des territoires de sens et à des vagabondages non contraignants, sensibles et imaginatifs. 

Nous avions choisi, pour cette séance, un livre écrit par Serge GUERIN, sociologue  et Pierre-Henri TAVOILLOT, philosophe, La guerre des générations aura-t-elle lieu ?, (Calmann Levy, janvier 2017). Jean-Claude nous propose, en premier lieu, d’appréhender  l’ « objet livre », en vue de formuler des hypothèses d’interprétation, avant  d’entrer dans le corps du texte. Que nous indique, entre autres, la première de couverture (couleurs et dimensions des caractères, absence d’image, etc.) ? Nous remarquons que le titre est un « clin d’œil » à La guerre de Troie n’aura pas lieu, la pièce de théâtre de Jean GIRAUDOUX, représentée en 1935. Elle s’achève paradoxalement sur l’annonce d’un conflit, nonobstant un désir de paix sous-jacent aux discours des protagonistes. En contraste, nos deux auteurs affirment avec conviction que « la guerre des générations n’aura pas lieu.» Bien que divergentes, les deux conclusions invitent identiquement à une prise de conscience !

Pour s’orienter dans les idées du livre, Jean-Claude fournit une carte, qu’il a préalablement établie. Celle-ci reprend les titres de chapitres, sous-chapitres et paragraphes de l’ouvrage, dans l’ordre et paginés, sur une page grand format (A3).

Chaque membre du groupe  effectue des « carottages », en  sélectionnant des passages, selon son goût et sa curiosité, puis les lit silencieusement. Un bref exposé oral permet ensuite de communiquer ce qui a été retenu de l’extrait lu.

Le diagnostic  établi dans le livre se répartit selon deux axes. D’un côté, l’analyse d’une prétendue guerre des âges, qui est en réalité une mise en scène spectaculaire et médiatique d’arguments opposés. Les enquêtes sociologiques, dont certaines sont rapportées dans le détail,  et les observations sur le terrain montrent qu’il existe bien une collaboration entre « jeunes » et « vieux ». Elle se concrétise à travers de multiples solidarités familiales et des engagements bénévoles ou militants.  

En découle un catalogue de mesures à prendre pour densifier les échanges intergénérationnels, assurant ainsi une meilleure assise à des interventions  individuelles et associatives ou des programmes généralistes (comme Ville amie des aînés, par exemple). Le service civique, la refonte du système de retraite, la valorisation du bénévolat, l’ouverture de l’école en lieu de rencontre intergénérationnel, le développement des métiers des services à la personne pour les seniors, la solidarité financière entre générations, l’accès au logement, le soutien aux aidants etc.., constituent autant de soutiens. Les deux auteurs les incluent dans un projet de type social-libéral, s’inspirant de réalisations remarquées chez nos voisins européens et reprenant des thématiques en rapport avec le vieillissement de la société française, dont Serge GUERIN s’est fait un porte-parole.

L’ancien pacte établi entre toutes les générations, de la plus jeune à la plus ancienne, semble désormais inéluctablement rompu, mais ce n’est pas encore la guerre, du moins dans notre société, comme on le prétend parfois. Il nous faut un « nouveau pacte  intergénérationnel », afin de « (mettre) au cœur du projet collectif, de nation, les valeurs de l’intergénération… Privilégier non plus l’avoir, le patrimoine, mais la qualité, l’action collaborative, la mutualisation des ressources et des savoirs ».

Notre lecture en collectif nous a semblé aller dans cette direction, modestement. Grâce à nos échanges, des pistes s’ouvrent, pour prévoir  des interventions à l’occasion  de la prochaine Semaine Bleue, ou à plus long terme.

Le livre est disponible à l'emprunt à l'accueil du CSC.

Rejoignez-nous sur Facebook :

Ou laissez nous un avis 😉

Partager
Facebook
Twitter
LinkedIn
Email
Imprimer
Telegram
WhatsApp

Infos pratiques

Les derniers articles :

Rejoignez-nous sur Facebook

Aller au contenu principal